Huis clos à l’agence de voyage

Samedi, j’ai pu encore profiter avec bonheur de l’efficacité du surnombre indien

Je suis allé chercher des billets de train dans une agence de voyage, puisque le site Internet ne permet de payer qu’avec une carte bancaire indienne et que, souvenez vous (ici), je n’en ai pas.
Et je devais être efficace, car les billets étaient pour ma madre et ma sœur qui allaient débarquer le soir même…

Le lieu

Rue poussiéreuse, petit immeuble sans prétention avec un garde placide à moitié endormi sur sa chaise en plastique.
Le temps est chaud, étouffant sous un soleil de plomb, et c’est avec soulagement que l’on s’engage dans le petit escalier.
La pièce dans laquelle se joue cet instantané, épreuve de la patience et de la ténacité, ressemble à une annexe de la SNCF façon années 80. Murs gris-noir, ordinateurs première génération, et ventilateurs paresseux seront les éléments du décors.
Quatre ou cinq employés occupés et concentrés en face de trois clients silencieux, et vous avez les protagonistes.

Premier comptoir : Où l’on croit que tout arrive vite, alors que non, en fait non

Malgré le panneau qui pend au dessus et qui indique que seuls des billets d’avions seront réservés à ce comptoir, je suis invité à m’assoir sur un premier fauteuil de moleskine pourpre.
L’employé de l’agence de voyage écoute mes demandes, et cherche sur son ordinateur via une connexion 56K les horaires de train. Il les trouve, me fait confirmer et quitte sa place sans un mot. Un de ses collègues m’appelle vers un deuxième comptoir…

Deuxième comptoir: Les formulaires

Je fais à nouveau part de mes souhaits
Même procédure que lors du premier comptoir, mais le deuxième interlocuteur me fait remplir deux formulaires et tache de le recopier sur une seconde page Internet.
Une fois ceci fait, il inscrit le montant global à payer et me demande si je règle en cash ou carte. CB? 2% de commission, à faire calculer par sa collègue, deux fauteuils plus loin.

Troisième comptoir: révision financière…

Reprise complète de la procédure du deuxième comptoir. Dans ma patience indienne, j’explique tout à nouveau.
Pas la force de m’énerver, ils sont en premier lieu d’une gentillesse totale, et les clients qui m’entourent me sourient avec la compatissance des anciens soldats pour la bleusaille qui rentre en campagne.
Le montant globale est révisé à la baisse pour des raisons obscures, et je suis appelé à un quatrième comptoir pour payer.

Quatrième comptoir : Il faut payer !

Passage de la carte dans la machine, à l’envers, puis à l’endroit.Interrogation sur la demande de code utilisateur.
Je me penche au dessus de l’imprimante à bande des années 70, tape mon code (à l’envers, la machine parait scellée à la table) et tache de sourire.
L’indienne parait partagée entre la politesse “customer relationship management” et la stupéfaction d’avoir vu son espace violé par un quidam que les règles auraient dues forcer à rester à distance.
Les billets sont partiellement émis (il me fallut revenir le lendemain en chercher une partie, mais cela serait trop long à raconter), et je suis appelé à un cinquième comptoir.

Cinquième comptoir : l’agrafeuse

Le premier contact sera aussi le dernier. Il prend les billets, les agrafe avec solennité, me fait tout relire une cinquième fois et me lance avec fierté et honneur un “Have a good day sir“.

Conclusion

J’eus une envie furieuse de club sandwich après ça, et me suis précipité à l’Oberoï.Calé dans un grand fauteuil en osier, dans le jardin calme de cet hôtel magnifique, j’étais à la volupté ce que des frites sont à un club sandwich réussi, une osmose délectable !

J’entends déjà mon géniteur se moquer de ma propension à parler encore et toujours de gastronomie.
Il faut s’y faire, les volutes de bonheur engendrées par un bon pinard, un fromage coulant et/ou un chocolat noir sont parmi les fondamentaux de la vie épicurienne que je parcours chaque jour.
Et que celui qui a déclaré que la gourmandise était un pêché ne devait pas avoir gouté un bon calva au coin du feu après un gigot d’agneau et un soufflé au choc’.

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