Bonjour à tous

J’ai reçu quelques messages me demandant les raisons de la baisse d’activité sur blogalore.
La période actuelle est assez charnière pour moi. Au bout de près de 14 mois, vient le temps de se demander si l’on veut rester, si chaque jour apporte toujours son lot de connaissances, d’expériences qui valent la distance avec les parents et amis.
Écrire chaque jour oblige à regarder attentivement la vie quotidienne mais empêche de voir à une plus grande échelle l’expatriation vécue.

Ajoutez à cela la traditionnelle période de novembre et décembre durant laquelle, et tout d’un coup, le client malheureux se rappelle qu’il a un objectif annuel à remplir et que, de ce fait, les campagnes et annonces publicitaires doivent être prêtes dans l’heure, et vous comprendrez pourquoi le rythme s’est essoufflé.

La décision de rester ici, peut-être une ou deux années de plus, est somme toute mathématique, ou gastronomique; il s’agit d’une recette savante entre apprendre, découvrir et apprécier le pays ou l’on est.

Ces derniers temps, il y a eu Diwali, la fête de la lumière dont j’avais parlé l’année dernière, et une visite surréaliste dans un complexe de maisons tout droit sorti des villes américaines pour retraités.
Il y a eu des rencontres encore et toujours scandinaves, définitivement des plus belles découvertes de ces derniers mois…

Il y a eu des discussions sur les religions, encore et toujours avec les gens du bureau, et; avec impatience, l’attente du weekend prochain avec eux dans les hauteurs du Kerala.
Il y a eu une hésitation helvétique, des discussions bangalories, de grandes balades en scooter.
Il y a eu des énervements dans les embouteillages, des agacements qui donnent envie de comprendre pourquoi elle reste au milieu de la route, puis un renoncement à faire parler une vache, toute sacrée qu’elle soit.
Et il y a en ce moment, la porte ouverte, et votre serviteur, pieds nus, qui profite des instants de calme avant la tempête quotidienne…

Je vais peut-être recommencer à écrire moi…

Les Indes galantes

Nombril du continent
Poumon léger du monde et poussière douce au pied

Cette route a beaucoup pour elle
dans tous les axes de la boussole
c’est l’espace et l’éternité
savanes couleur de cuir
vautours en rond dans le ciel cannelle
villages verts autour d’une flaque
dieux érectiles couverts de minium
et de papier d’argent
cités croulantes, tarabiscotées
et regards qui croisent le tien
jusqu’à l’écœurement

Tu te pousses à petite allure
un mois passe comme rien
tu consultes la carte
pour voir où t’a mené la dérive du voyage
deltas vert pâle comme des paumes ouvertes
plissements bruns des hauts plateaux
les petits cigares noués d’un fil rouge
ne coûtent que cinq annas la botte
où irons-nous demain ?

A la gare de bezwada
tu as dormi sur un banc
tu sentais dans tes reins le poids de la journée
des quatre coins de la nuit les locomotives
arrivaient
en meuglant comme des navires
paraphe de nacre sur les eucalyptus

La lune montante était si pleine
et la vie devenue si fine
qu’il n’était ce soir-là
plus d’autre perfection que dans la mort

Solarpur, Inde centrale
Genève, 1978

Tiré de “Le dehors et le dedans”

Pour ceux et celles qui ont la chance d’avoir encore à découvrir Nicolas Bouvier, L’usage du Monde est sans doute l’un des bouquins incontournables de la litterature de voyage dont Bouvier est une des grandes figures. Le recueil de poésie dont est tiré le texte ci-dessus vient lui d’etre réédité chez Point.

8h15 à Bangalore

Derrière la tasse de café brulant, la porte donne sur les branches du cocotier qui paresseusement envahissent la terrasse.
Le Soleil revient timidement ces jours-ci et la ville se réveille cahin caha de cette longue période pluvieuse.
Eu hier soit un diner d’équipe.
Au bureau, j’essaye d’apporter sans l’imposer, une vision plus européenne du management.
Pas de cris, pas d’ordres intempestifs, et une responsabilisation de chacun des membres que j’encadre.
Depuis 14 mois, je crois avoir eu un taux de renouvèlement ou turn over de 90% . J’ai donc pu voir une pléiade de comportements, même si venant des trois meilleurs collèges de Bangalore, il existe tout de même un socle commun à l’éducation de “mes” juniors.

Il y a le soumis. Celui qui n’a jamais arrêté de m’appeler “sir”. Qui courbait la tête à chacune de mes intervention. Et à qui j’ai demandé un jour s’il comprenait ce qu’il faisait. A sa réponse négative, je lui ai demandé pourquoi il agissait. Sa réponse a été simple. Parce que je lui demandais.
Il y a le prétentieux. Celui qui dit toujours oui, d’un air respectueux. Mais qui jamais, jamais ne fait ce qu’on lui dit. Quelque soit le ton employé. Ce personnage représente pour moi l’archétype de ce en quoi j’ai cru pouvoir définir les Indiens à mon arrivée. Et 14 mois de présence ici m’ont totalement amené à penser le contraire.
Il y a le “dedicated”. C’est celui là qui dans un futur proche ou lointain, dirigera l’Inde. Je suis frappé par sa Noblesse. Le genre de personne qui connait son travail sur le bout des doigts.
Il va diner puis revient au bureau pour finir, uniquement car il lui serait inconcevable de laisser tomber ses collègues, même s’il est payé une misère et, ce qui est insensé dans ce dernier cas, sans aucune vision carriériste de son emploi. Travailler ici est un passage.
La majorité des gens qui travaillent en effet dans mon agence sont “fresher”, c’est à dire juste sortis de l’équivalent du lycée. Ils n’ont pas du tout l’intention d’évoluer plus tard dans le (merveilleux) monde de la Communication (avec un C majuscule 🙂 ). Il veulent pour la plupart travailler un peu, puis continuer des études aussi diverses que la littérature, l’économie ou les mathématiques.Mais quelque soit leur futur, le travail d’aujourd’hui doit être fait. Et bien fait.

On croyait que les indiens pouvaient subtiliser les emplois européens de par leur habilité à parler anglais, et grâce à leur culture tentée d’Europe.Il me semble que le paramètre le plus important a été oublié.Celui d’une furieuse envie de réussite.

Les “freshers” qui arrivent ici, directement de l’école, sont souvent perdus.Les équipes changent tellement vite que personne n’est là pour les former correctement, et le management, dont je fais partie rattrape les morceaux et écoute les découragés.

Il nous faut soutenir les regards perdus et quelques fois un peu désespéré de jeunes de 20 ans qui ne connaissent strictement rien à la vie professionnelle et à qui, en un mois, on demande de maîtriser à la fois les relations clients, les processus de fabrications, les rouages d’agences, la politique, la rédaction au combien périlleuse de briefs, et le respect non moins difficile des échéances.

Je sais que cela peut paraître un peu redondant à l’article de vendredi dernier. Mais aux cotés des prétentieux et des très bons éléments dont je parlais alors, il existe toute une frange de jeunes qui se battent, et qui littéralement lâchent prise au bout d’un ou deux mois. J’ai beau retourner le problème dans ma tête, le problème n’est toujours pas résolu.

J’ai pensé à la mise en place de binômes,composé d’un “ancien” et d’une nouvelle recrue, mais le temps manque pour que cette formation soit efficace.
Alors je rattrape les morceaux. En essayant de protéger et de former en permanence.
Sisyphe n’est pas loin

Le weekend dernier, avant-hier donc, nous sommes parti pour un “car trip” avec les gens de l’agence.
Le départ à 3h du matin dans la nuit de samedi avait un petit gout de classe de nature, et après une heure à attendre les retardataires, nous partîmes à 9 voitures pour les montagnes du Kerala.
Un superbe lever de soleil et quelques heures de voyage plus tard, nous traversons de gigantesques forêts de bambous pour enfin arriver à Whynot, un ensemble de bungalows donnant sur une petite rivière au cours rapide qui nous offrit un bain maharadjesque.

Votre serviteur, après ces 8 heures de voitures a faillit être reconduit manu militari à la frontière entre le Kerala et le Karnataka, ayant oublié de prendre une copie de mon passeport.
Je n’ai été autorisé à rester qu’à la condition expresse de ne quitter les alentours sous aucun prétexte… mais après ce voyage, l’envie d’escapade n’était plus là… d’autant plus que j’ai fait des découvertes botaniques et animalières dont l’Inde fourmille.

Laissez moi vous présenter le “Touch me not“, en français, le “ne me touche pas”.
Cette petite plante à la capacité si on la touche, de se recroqueviller en deux secondes…. animal ou végétal ?
Et voila une sangsue Malayalie (du nom des habitants de la région). Petite comme la moitié d’un ongle, elle se gorge de sang pour atteindre la taille respectable de 5 ou 6 centimètres… avis aux amateurs.

Enfin, nous eûmes droit à un combat acharné au jeu des 7 pierres (je vous raconterai un jour) entre les créatifs de l’agence et les représentant du ‘client service‘ dont je fais partie.
Il va sans dire que le score fut sans appel.Un weekend parfait donc, si l’on parvient à oublier les huit heures de retour dimanche dans une circulation et des méthodes de conduite sur route que la morale et mon éducation m’interdisent de décrire ici…

Un post très court en raison d’une jolie montagne de boulot…

Voila comment les indiens communiquent sur le don d’argent.Il s’agit ici d’aider les enfants pauvres et deux ou trois urnes comme celle ci ont été disséminées dans le bureau.

Jouer sur la conscience des gens est un angle d’attaque que l’on ne voit que peu en Europe, alors qu’elle est très présente ici lorsqu’il s’agit de charité.
Au sein d’une Société particulièrement individualiste, les Indiens sont de façon surprenante, très généreux.

guilty

vivre

Une belle initiative sur Internet, orchestrée par Pénélope Bagieu, auteur notamment de ” Ma vie est tout à fait fascinante”. Voila comment ça marche (j’ai paresseusement repris ce qui était marqué sur le site).

Monbeausapin.org est un site de bande dessinée en ligne, qui présente un auteur différent chaque jour.

Le truc en plus, c’est que toutes les visites sont comptabilisées. Et juste avant Noël, grâce à son partenaire Orange, Monbeausapin.org versera à la Croix-Rouge Française une somme proportionnelle au nombre de visiteurs total. Ce don sera offert à l’opération “Arbres de Noël” de la Croix Rouge, afin d’offrir des cadeaux aux enfants défavorisés.

Il n’y a rien à cliquer, rien à acheter, il suffit de venir lire de la BD, et en parler autour de soi !
N’hésitez pas à relayer l’information sur vos sites et blogs, ( une bannière Influenceurs est également disponible ).

Et n’oubliez pas que le don dépendra de la fréquentation du site !

Vous savez ce qu’il vous reste à faire !!!

Et moi qui commencais à penser que la mousson n’était qu’une légende inventée par les indiens pour se débarasser des étrangers…

Depuis mon arrivée, pas une goutte d’eau, un temps fabuleux, quelques nuages tout au plus. Et bien aujourd’hui, disons que j’ai été rappelé à l’ordre.
J’étais entrain de faire mes courses dans mon nouveau quartier (je me suis installé dans ma maison aujourd’hui) et je bavais devant des petites bananes semblables à celles du marché couvert de Oaxaca (la familia, JP, Auguste, Caro, see what I mean ?) quand quelques gouttes sont tombées, suivies d’un déluge. Mes amis, un torrent, pas un déluge d’opérette parisienne. Une douche, une vraie. Moi qui me plaignait du peu de pression de la douche ce matin, j’ai été servi !

Autant dire que j’ai commandé à becqutailler à la maison, et comme “le tout venant avait été barboté par les jeunes mômes, j’ai tenté le bizarre”* (cf photos). Pas mauvais, et mon bide a supporté. Toujours ca de pris.
La pluie s’est arretée, laissant place à une odeur familiere de bitume mélangée à l’encens qui sortait de chez mes voisins.

Le quartier dans lequel je suis est plein de petites maisons tres calmes, avec des chiens errants, des gens accroupis par terre, des crieurs pour les poubelles, les fruits, le repassage et.. des mosquées dont j’entends le chant mélodieux le soir. Un peu l’impression fugace d’etre en pays du Moyen Orient.

Bref, je suis installé, au calme, peut etre un peu trop, mais la musique de FIP et les voix habituelles de la radio francaise m’accompagnent de facon surrealiste dans cet environnement nouveau.

Merci pour vos commentaires, pour vos mails et vos messages. Ca me pousse, si besoin en était de garder mes sens toujours en eveil et de forger mes habitudes tout en restant à l’affut d’une nouvelle image, d’un nouveau son ou d’une odeur inconnue.

Hier soir, je me suis battu avec une religieuse

Je sais, ce n’est pas bien

Elle était verte, avec une petite tête et de long bras crochus.

Accrochée au rideaux, la mante, amante tueuse de ses amours consommées, m’a regardé longuement avant de voler maladroitement vers moi.
On s’habitue aux cohabitants de la maisons, fourmis, geckos et de temps à autres cafards.. mais la mante faisait un bon dix centimètres de long… trop grand pour une cohabitation pacifique…
Je dois avouer que j’ai battu en retraite, assez rapidement d’ailleurs, afin d’élaborer une stratégie adéquate pour me débarrasser de l’intruse.

Quelques minutes plus tard, armé d’une serviette de bain, et tel un indien d’Amérique, je me suis approché à couvert ayant eu soin d’ouvrir la porte de la terrasse.
Un pas après l’autre, je me suis avancé en silence n’ayant pas eu le temps d’étudier sur Internet les capacités auditives de la dame.
Mais elle s’était nichée dans le maelström de câbles électriques et le premier jet de serviette, un peu trop violent, a eu pour effet de tout débrancher et de permettre à l’intruse de déployer ses ailes pour se cacher ailleurs.

Le téléphone sonne, hurle, dans ce silence de pré bataille
Sursaut de l’assaillant
Calme apparent de la religieuse

Encore une banque qui voulait me proposer une carte de crédit révolutionnaire. J’ai dit à mon interlocutrice que j’étais en rendez-vous. Finalement ce n’était pas loin de la réalité.

L’acte final peut commencer

Tel un rétiaire des temps modernes, je jetais ma serviette pour emprisonner mon adversaire.
J’ai gagné.Une aventure permanente que cette vie indienne, une aventure…

Lorsque le Soleil disparaît du ciel indien, à peu près à 18h30 tous les jours que le ou les bon(s) dieu(x) fait (ou font), l’air s’emplit de cris, plaintes, et bruits annonçant que les animaux deviennent pour quelques heures les maîtres de la ville.
Les mélodies croasseuses des corneilles et autres corbeaux laissent place aux sifflements courts des buses, qui eux même s’effacent devant les cris brefs et plaintifs des écureuils.
Les chiens ferment la marche pour le principe, et Bangalore, du moins dans mon quartier, s’endort.
Normalement, cela se passe ainsi, mais qu’ai-je vécu de normal jusqu’ici ?

Hier soir, le cycle musical touchait à sa fin

J’étais à ma table, éclairé par une seule lumière rescapée des coupures de courant, lorsque j’entendis un son plaintif, entre celui d’un expatrié qui goûte pour la première fois le masala, et celui des marchands de papier qui passent le matin en bas de chez moi.

Un coup d’œil à la fenêtre… rien

Prenant mon courage à deux mains et ouvrant la porte de la terrasse, je me suis rendu compte qu’il s’agissait…. d’un mouton, acheté par le voisin d’en face en prévision de la fête de l’Aïd, célébrant le sacrifice d’Abraham..
Le mouton, étranger au cycle musical pré-cité a bouleversé les habitudes animales de la nuit, qui s’est passée comme suit :

Cri du mouton => aboiements du chien d’à coté => réponse enjouée de la gente canine du voisinage =>peur du mouton =>cri du dit mouton => etc.

Vivement le méchoui.

drap

P.S. Ceci n’ayant absolument aucun rapport, mais savez vous pourquoi le prix Nobel est décerné à Oslo en Norvège alors qu’Alfred était Suédois ?
Et bien parce qu’à la mort de Nobel, en 1896, la Suède et la Norvège étaient liés par la fameuse Union Norvège-Suède, la Svensk-norska unionen qui perdura entre 1814 et 1905 et dont voila le drapeau.

On en apprend des choses sur Blogalore non ?

Arrêté depuis longtemps, Blogalore va essayer de reprendre du service….
Je reviendrai sur les découvertes de ces derniers mois, en particulier Mumbai et Elefanta…

Pour commencer, voila une photo prise ce matin de la terrasse

Entre cinq et huit heures chaque jour, c’est un défilé de métiers qui passe dans la rue aiguiseur de couteaux, vendeurs de tomates et de lait…

Bonne journée à vous tous.

milkman

Plan du site