Voila le post que j’avais écrit dans l’avion. Ça vaut ce que ça vaut, il était tard…
19h30, heure indienne
Quelque part au dessus de la Turquie, de l’Iran peut être.
J’observe avec délectation un couché de Soleil sur un gigantesque massif montagneux. Les reliefs escarpés ont des teintes saumonées et les vallées dans l’ombre se détachent d’un bleu noirci.
Me voila parti. Ou reparti. Sur le chemin du retour ou bien sur le vol d’un deuxième départ de chez moi. Je ne sais plus très bien.
Entre nous, je ne crois pas que ça ait la moindre importance. L’expatrié n’est chez lui nulle part m’avait on dit. Je commence à m’en rendre compte.
Les deux semaines parisiennes sont passées vite, très vite. Mais c’est sans amertume que j’ai quitté les rues de la ville. L’impression de ne pas avoir réussi à reconquérir cette vieille grand mère et d’être passé en petit fils indigne qui vient voir son ailleule trop peu souvent.
J’ai vu des visages, serré des mains et repris des forces pour mon voyage. Un duty free de l’amitié et de la famille en somme. Tous les bénéfices, juste le bonheur.
Maintenant le ciel devient d’un bleu foncé au dehors, et les montagnes sont rougeoyantes, comme brulées par le soleil qui pourtant s’enfuit d’elles.
Dans quelques heures, ça sera Bangalore. Chez moi. Ou pas. Peut être. On verra. L’important c’est de voir non ?
Fin de semaine à Bangalore
Et oui, le monde est injuste. Je pars demain matin pour les plages de Goa, pour mon petit resto “chez Antonio” pour prendre mon petit dej les pieds dans le sable… J’y reste jusqu’à lundi et je viens d’apprendre que mardi est ferié ici…
En attendant, la semaine fut productive, riche en politiques en tout genre. Schématiquement, il faut s’occuper de la base des gens de l’agence, dont la principale caractéristique est la soumission (professionnelle j’entends, pas la peine de faire des remarques scabreuses) et ne pas oublier le haut de la pyramide dont la prétention est l’arme de prédilection. Et au milieu de tout ça, lutter contre le turn over, un cout caché particulièrement important ici.
Sinon, je me refonds de plus en plus dans la vie indienne, illustrée par la maxime, “A chaque jour une nouvelle aventure, des nouveaux problèmes, mais avec un peu de volonté, on finit par y arriver”.
Hier, ma moto calait tous les 10m et je me suis retrouvé dans les embouteillages avec la courroie d’embrayage qui a quasiment lâché. Du coup, je suis descendu de moto, et mon pied gauche a atterri directement dans la production locale et fécale d’une des vaches sacrées de la ville. Le tout sous l’œil hilare de ma passagère arrière et entouré par les klaxons des moustachus motorisés.
Bref, on a fini par arriver à l’agence et le soir, la bullet s’en est docilement allée au garage.
Autre découverte, sous les toits des immeubles environnants mon bureau, ces gigantesques ruches sauvages. Preuve en est que l’air n’est pas tant pollué que ca. J’espère néanmoins être assez loin si un jour de grand vent, elles se détachent…
Passage par les bons restos de la ville avec les gens de l’équipe européenne qui sont là cette semaine. Le Not too spicy a repris du service.Bien, c’était juste une toute petite mise à jour.
Bon weekend à tous !
Lorsqu’on se balade dans les rues de Bangalore, il n’est pas rare de croiser, juchée sur un pauvre scooter en fin de vie, une famille entière de nos amis moustachus. A l’avant, sur le réservoir, le cadet, fier comme un bar tabac, se retient comme il peut au guidon. Au milieu, le pater familias invective ses compatriotes de sa voix et de son klaxon, passe les vitesse quand il y en a, et porte le seul casque de sa tribut. A l’arrière, la sage épouse, soumise et dévouée, est assise en amazone, le sari au vent et la mine rêveuse. Elle porte dans ses bras le petit dernier, qui tache de piquer un petit roupillon tout en digérant le kilo de riz qu’il vient de dévorer..
C’est là qu’arrive un dernier personnage, une bonne fée pour cette petite famille, un cauchemar pour les écologistes de tout crins, un génie pour le reste de l’Inde, Monsieur Tata.
Monsieur Tata n’est pas la vedette du dernier spectacle de Michou, non, c’est un des hommes les plus puissants du pays, patron de la firme éponyme, qui fabrique, entre autre des voitures… Et là, il a frappé un grand coup, une voiture à 1 lak roupies, soit 100 000 roupies, soit 2 500 dollars, soit enfin 1 700 de nos euros.
Bien, à ce prix là, il ne faut pas s’attendre à l’équipement d’une Bentley, et il est fort à parier que James Bond irait plutôt à pieds que dans ce pot de yaourt. Un seul essuie glace, des toutes petites roues, pas de clim. etc.
Une usine a été spécialement construite à Chennai, et même si la production ne sera “que” d’environ 300 000 unités par an, l’objectif est bien de permettre aux classes moyennes d’acceder à un nouveau moyen de transport tout en engrangeant, pour la firme, et comme vous vous en doutez, de confortables profits.
Une question me taraude. Comment ce pays va t il faire pour absorber encore des véhicules ?
Les routes sont mauvaises, et, pour prendre un exemple à Delhi, la vitesse moyenne des voitures est passée en cinq ans, de 27km/h à 15km/h. Et comment Bangalore, deuxième ville la plus polluée d’Inde pourra-t-elle supporter encore plus de gaz d’échappement ?
Les moustaches m’en tombent.
Nouvelle grève ce matin, dont j’ai appris l’existence par le biais du blog Expat’ a Bangalore: celle des voitures-qui-ont-des-plaques-jaunes.
Il y a deux types de véhicules ici, ceux à usage commercial (qui ont les plaques d’immatriculations jaunes, comme les pages de la même couleur) et les voitures/motos personnelles dont les plaques sont blanches quand elles sont lavés, grises après dix minutes de trafic, noires en fin de journée.
p9150072.JPGDonc, donc, les voitures aux plaques jaunes sont en grève. Pourquoi ? Je ne sais pas encore, doit être en rapport avec le prix de l’essence.
Je commence à découvrir une Inde qui n’a pas grand chose à envier à la France, puisqu’après la grève des rickshaws (cf mon article précédant ici) c’est la deuxième protestation en moins d’un mois.
Cela dit, ce genre de manifestation de grogne est, pour l’Easy Rider que je suis devenu, 🙂 du pain béni, puisque sous un grand soleil et une température idéale, je n’ai mis que quinze petites minutes pour venir au bureau contre, ces temps ci, une petite demi heure. Un pur bonheur, juché sur la bullet qui faisait un bruit, on peut le dire divin.
Maintenant, il s’agit de prendre à bras le corps la semaine qui arrive; cinq jours de bagarres avec les moustachus, et on l’espère, de nombreuses victoires en perspective !!
Bonne semaine à vous tous et un grand merci à tous celles et ceux qui laissent régulièrement des commentaires.
J’adore le système des blogs.
Marie Curry nous apprend à l’instant que les “chauffeurs de camions et de taxi, (..) protestent contre un projet de loi du Karnataka limitant la vitesse des véhicules commerciaux (camions et taxis donc) à 60 km/h. Sachant qu’on roule en moyenne en ville à 25km/h, c’est pas que ça changerait quoi que ce soit à la situation actuelle, mais les dits camions et taxis protestent VIGOUREUSEMENT, donc ils bloquent les principales routes.”
Merci pour cette info. Je sens que le retour ce soir va être folklorique..
Il y a quelques jours, vous vous en souvenez peut-être, j’ai eu une conversation passionnante avec deux conducteurs de rickshaw sur l’économie nationale, et plus particulièrement sur le groupe Tata, qui vient de sortir la Nano. (rafraichissement de mémoire ici ).
Mon petit article se terminait par la phrase d’un des deux indiens, “Tata is a very good company, very generous“.
Nous étions arrivés et je n’ai pu investiguer plus sur la signification de cette phrase, pourtant prononcée par ceux dont l’activité est à terme menacée par le dit Tata.
Et bien ce matin, le journal Le Monde répond à toutes ces questions dans un article riche et complet de Julien Bouissou, intitulé “Tata, un siècle d’intuitions“.
On nous raconte comment la famille Tata a fondé et géré jusqu’à maintenant un empire basé sur une triple avance technologique, sociale et économique doublée d’une conscience politique acérée.
Avant 1947, le groupe Tata crée la première aciérie d’Inde, impose les congés maternités, l’intéressement aux résultats, la journée de huit heures (en 1912 !!) et agit financièrement pour soutenir les projets d’indépendance du pays.
Depuis, Tata a acheté Tetley, le géant du thé anglais, prend le contrôle de la sidérurgie anglaise et est en passe d’acquérir Jaguar et Rover… joli symbole de la revanche indienne et une des explications de la fierté des indiens lorsqu’ils parlent de cette grande entreprise.
L’article se termine par la dernière mutation de Tata, dont le caractère familial tend à s’estomper.
Et de terminer par : “Le groupe ne rêve plus d’indépendance. Il veut conquérir le monde.”
Nous voila prévenus.
Je ne résiste pas à vous faire partager les commentaires du Times of India, à propos du voyage de notre président en Inde.
Carla Bruni (et les problèmes de protocoles afférants à son statut de première dame non mariée) constitue le seul et unique sujet des quotidiens et éclipse par là même les aspects économiques et politiques de la venue à Delhi de Sarkozy.
Je cite le journal : “Perhaps the French are alive to the Indian sensibilities and the country’s deep-rooted respect for the idea of family,” said a senior minister.”
Jusque là, l’article est plutôt positif. L’image de la France remonte.
Suite de l’article: “What set the Sarkozy watchers on fire is the irony of a desolate man adoring the monument of love in marbles (Le Taj Mahal, ndlr) alone, with Bruni not by his side.”
seat1.jpgLes journaux indiens font ici implicitement référence à la photo de Diana, venue il y a quelques années sans le prince Charles, resté à Bombay.
L’attitude du mari avait fortement choqué la population moustachue..
Alors, Carla, dont les rumeurs disent qu’elle viendrait à titre personnel, rejoindra-t-elle Nicolas au Taj?
Viendra-t-elle avec une guitare?
Chantera-t-elle?
Nicolas va-t-il la demander en mariage en Inde?
Vous le saurez bientot sur blogalore.fr … peut-être.
Ici Bangalore
La loi anti “bouge ton body sur la musique Hindi” est toujours en vigueur.
Partout ?
Non, il existe un petit groupe qui, à l’image des moustachus gavlois, font de la résistance.
C’est ainsi que, par le biais d’une invitation sur un groupe obscur de Google, le I.V.E.S. (pour Interns, Volunteers, Expatriates, Students), nous nous sommes rendus au Taj Residency, un des grands hôtels de Bangalore pour une soirée qu’on nous avait annoncé dansante.
Les portes principales étaient closes, obturées par d’épais rideaux noirs, et nous sommes rentrés par une grande cour où une foule colorée d’indiens et d’expatriés prenaient d’assaut le bar sponsorisé par Smirnoff.
Une belle soirée, à rencontrer des gens d’Allemagne, des pays nordiques, des anglais et quelques français.
Musique pas terrible, mais le sentiment d’être dans l’illégalité la plus complète en dansant rehaussa particulièrement ce bon moment.
Dimanche, direction l’Olive Beach pour un brunch international, en compagnie d’une finlandaise œnologue, d’une suédoise journaliste, d’un anglais et d’un suédois tous deux ingénieurs, et de mon voisin Mathieu, lui aussi dans les IT.
Le Sula a coulé a flot, et le déjeuner finissait à six heures par un “chocolate Martini” superbe.
Pour parachever ce weekend, ce petit groupe est venu chez moi, et les conversations sont allés bon train jusqu’à minuit, sur la terrasse entourée par les rues, noires d’une coupure d’électricité qui dura plusieurs heures.
Coupure d’électricité… Un problème récurent; ce matin elle s’est arrêtée à 7h30 (au moment ou je mettais l’eau à chauffer pour ma douche) et est repartie… à 8h30, au moment où je partais…
La semaine commence bien.
Au programme de ces futurs weekend avec ce joyeux avatar de l’auberge espagnole, un voyage dans les vignobles non loin de Bangalore, quelques jours au ski d’ici un mois, et surement de nombreux brunchs et diners.. si les autorités le permettent.
Je me suis rendu compte que je ne m’étais pas inscrit au bureau des étrangers comme j’aurais du le faire depuis deux semaines.. et vais tacher de le faire demain.
Affaire à suivre.
Une autre matinée à Bangalore, Inde
Ciel bleu, air poussiéreux, et bien sur ce matin, pas d’électricité. Je commence à m’habituer aux douches froides…
A huit heures trente, as usual, je passe un bon 5 minutes à démarrer ma Enfield.
Enfin le moteur part et je m’engouffre tranquillement dans le traffic dense de ce mardi indien.
Stop
Et puis d’un coup, un petit bruit sec et la moto qui cale.
Le câble d’embrayage a cassé net. Au milieu d’une avenue. D’un périphérique.
Mais un périphérique saturé de poussière ocre, construction du métro oblige.
Les indiens qui sont derrière moi n’apprécient pas que je perturbe le désordre organisé de leur safari automobile et me le font savoir par force klaxons.
.
Premier dilemne de la journée
> Situation: La Bullet Royal Enfield pèse 185 kg, auquel on ajoute 4 kg d’essence, plus mon sac à dos avec ordi à l’intérieur.
La distance camp de base maison / mine bureau est d’environ 6km. Et je suis à mi chemin.
> Question: Vaut il mieux faire demi-tour ou aller jusqu’à l’agence ?
> Décision : Traverser l’avenue à deux sens me parait difficile. Et puis une fois rentré chez moi, il faudrait prendre un rickshaw. Pas de changement de cap. Direction Bagman Tech Park.
Dix minutes plus tard, deuxième dilemne.
> Situation: une bonne dizaines de bus m’a frôlé. Oui oui, ceux qui font un petit millier de morts par an juste à Bangalore.
Je finis par rejoindre un rickshaw qui lui aussi pousse son véhicule. Echanges d’amabilités, et je lui demande où est le garage le plus proche. “Take right sir”
> Question: Faut il écouter les conseils d’un rickshaw man qui ne parle pas anglais et par voie de conséquence, dont on ne sait s’il a bien compris la question?
> Décision: Traversée dangereuse de la double voie, et, comme la route descend, je grimpe sur la moto et me laisse porter jusqu’à la fin de cette looooongue ligne droite.
Ayant fini par trouver dans une impasse le “mechanical”, ce dernier me rétorque qu’il n’a pas le bon câble, et qu’il faut aller chez Enfield (à 5 bons kilomètres de là).
Quinze autres minutes plus tard, intermède.
Remontée très très pénible de la descente prise quelques minutes au par avant.
J’ai déjà perdu 2kg, (toujours ça de moins à transporter).
Toujours en contre sens de la route, il va falloir que je change -encore- de coté. Mais le bureau se rapproche
Encore dix minutes plus tard : troisième dilemne
> Situation: Croisement pour se retrouver sur la route qui mène directement au bureau.
Au stop, plusieurs personnes observent un européen qui ne ressemble plus à grand chose, la poussière recouvrant sa figure.
Et là, sur une motocyclette, un barbu avec des lunettes dont Elton John serait jaloux, me fait des grands signes. Il y a un garage pas loin. Mais à l’opposé de la où je vais.
> Question (récurrente): Petit expatrié, ferais-tu plus confiance à un barbu qu’à un moustachu ?
> Décision: 1/Hésitation. 2/Approbation. 3/Demi-tour.
Drôle d’endroit
Quittant la route principale, je m’engage dans un enchevêtrement de baraques, plus proches d’un bidonville que de l’avenue George V.
Slalom entre les poules, les chèvres et les trous de la chaussée.
Le garage est là. Et il a mon câble.
Dix minutes de réparation. La moto repart.
Je ne ressemble plus, mais vraiment plus à rien.
J’ai vidé une bouteille d’eau en buvant à l’indienne, tenant le goulot à 10cm de ma bouche.
5 minutes plus tard, et me voila devant mon ordinateur. L’open space est climatisé. Le bonheur.
Conclusions de ce début de journée:
>> J’ai fait mon sport du mois.
>> J’ai découvert une partie de la ville où jamais je ne serais entré sans raison.
>> J’ai appris un nouveau mot “Clutch wire”, ou câble d’embrayage.
>> Je crois que je vais prendre quelques cours de mécanique pour pouvoir me débrouiller la prochaine fois.
Maintenant le boulot peut commencer…
Comme vous le savez, je travaille ici pour une agence de communication , Ogilvy & Mather, et par son biais pour un unique client, Lenovo.
Lenovo, numéro 1 chinois des fabricants PC, a acheté il y a quatre ans de cela la partie PC d’IBM, afin, notamment, de profiter de l’implantation mondiale de ce dernier.
Depuis cette acquisition, l’organisation de l’entreprise a beaucoup changé (cf l’article que j’avais écrit à ce sujet en cliquant ici).
Pour résumer, un nombre important d’activités marketing ont été délocalisées, en particulier ici à Bangalore.
Un aspect intéressant de mon client est qu’il n’a pas de siège économique central (headquarters) à proprement parlé.
Les centres névralgiques sont dispersés aux Etats Unis, à Hong Kong, à Pekin, Singapour et Paris.
Steve Hamm, éditorialiste à Buisiness Week, dans son blog “Bangalore Tiger”, a écrit un article à ce sujet.
Rencontrant Bill Amelio (CEO de Lenovo) à Davos, il a recueilli la phrase suivante: “We declared we don’t have a headquarters. It creates an unnatural gravitational pull to a particular country and way of thinking. The action shouldn’t be in a country. It should be out in the field”.
Il me semble que nous assistons à la nouvelle phase de la mondialisation.
On passe du concept de délocalisation à celui d’utilisation de la planète comme un tout. L’outsourcing devient le worldsourcing.
La problématique n’est plus de savoir où le travail peut être fait le plus économiquement possible, mais de rationaliser l’efficacité des chaines de commandements au niveau mondial. C’est ainsi que le marketing est désormais géré ici en Inde, et les chaines de productions sont pilotés d’Ecosse.
La question afférente à ce nouvel état de fait est de se demander comment la mondialisation s’accorde avec les différentes cultures rencontrées.
Et là, c’est le CEO de Lenovo, Yang Yuanqing, qui répond en montrant que son organisation (dont Ogilvy suit le schéma) oblige les européens et les chinois à prendre ensemble des décisions rapides et de ce fait les force à se comprendre de mieux en mieux.
Yang illustre ces propos par l’exemple suivant. Lors des réunions, si personne ne parle en Europe, cela signifie une approbation de l’auditoire, ce qui n’est pas le cas en Chine. Afin de palier ces différences, de régulières réunions sont organisées afin d’identifier ces points et les intégrer dans un processus d’aplanissement des méthodes de travail.
Ces deux interviews sont séduisantes
Tout va pour le mieux. Le monde, uni dans des méthodes de travail normées, pousse les taux de croissance vers le haut et les clients sont contents.
Il me semble, au bout de six mois ici, que l’état des lieux est bien loin de ce champs de fleurs.
Les particularismes locaux sont extrêmement forts, que ce soit aux sièges de ces plateformes internationales ou dans les pays “cibles”, que ce soit la France ou la Pologne (à lire tous mes articles sur les méthodes de travail ici, cliquez sur la catégorie “outsourcing@bangalore” ou “au bureau“).
Les intermédiaires locaux et régionaux sont, pour le moment en tout cas, vitaux pour permettre aux différents intervenant de se comprendre, comme le souhaite monsieur Yang.
Ces relais permettent de palier un décalage géographique et culturel ainsi que de combler les vides de connaissances quant à l’histoire du pays cible.
Voila un exemple emblématique des problèmes rencontrés. La Belgique à reçu de Bangalore, des annonces presses en allemand et il m’a fallut un peu de temps et beaucoup de patience pour expliquer à mon équipe les problèmes de langues de cette région et les susceptibilités qui pourraient découdre des erreurs comme celle-ci.
Et puis une autre illustration. Essayez d’expliquer à un bangalori pourquoi une partie de la Suisse parle allemand, langue différente de l’allemand parlé en Autriche et de celui de l’Allemagne.
Comment expliquer cela, quand mes collègues ne savent même pas situer ces pays sur une carte ??
Ces remarques ne sont pas à prendre comme une critique pure de l’organisation indienne, loin de là. Quelques soit les pays hôtes de ces organisations globales, le fait d’être loin géographiquement et culturellement induit presque automatiquement des lacunes dans la connaissances des pays sur lesquels on travaille.
Cela est vrai ici, mais aussi aux Etats Unis, et très certainement en Europe où des pays, bien qu’ils soient proches (i.e. l’Europe Centrale) induisent de très grandes difficultés de compréhension. Je parle en connaissance de cause, ayant eu à m’occuper des pays de l’Est au début de mon travail chez Ogilvy.
J’ajouterais, pour être équitable, que ces relais régionaux, situés entre les pays locaux et les grands “hubs” mondiaux sont aussi nécessaire pour décrypter les particularismes des équipes locales, habituées à travailler à leur manière et qui ne comprennent pas forcement les méthodes de travail plus “globales”
Alors pour le moment, il me semble que le Worldsourcing ne tienne debout que grâce à un socle local en adéquation intelligente avec les hubs mondiaux … et que si l’on supprime l’un des deux niveaux, certains vont avoir quelques désagréments…
Qu’en pensez-vous ? Vous rencontrez les même problématiques dans vos domaines d’activités ?
J’ai délaissé ma moto ce matin pour venir au bureau en rickshaw
Vingt minutes pour observer la ville et passer par ces petites rues que je ne regarde plus, étant habituellement concentré sur les trous à éviter et les voitures à essayer de ne pas frôler de trop près.
La ville semble se régénérer en permanence.
Les chaussées sont comblées les unes après les autres, et sont nettoyées chaque jour par une myriades incroyable d’indiennes, consciencieusement penchées sur leur jharu (une sorte de balais formé de tiges de palmes). Elles placent la poussière sur le bas coté, Sisyphes qui recommenceront leur travail le lendemain au même endroit.
Au coin du passage à niveau, théâtre d’embouteillages quotidiens, une flopée de collégiens accoutrés à l’anglaise lèvent leur pouces et grimpent, pour les plus chanceux, sur les motos qui veulent bien les prendre à l’arrière.
Le rickshaw, à la vue d’un deuxième engorgement, coupe la ligne blanche et s’engage sans vergogne sur la voie opposée, puis violemment reprend sa place une fois s’être retrouvé en face d’un des bus bleus du service municipal.
Sur le bord de la route, les petites cahuttes servent le chaï, un thé aux épices, à des indiens qui discutent en regardant passer la marée automobile.
Petite accélération du driver, et nous dépassons un autre rick, qui a perdu on ne sait où son toit duquel il ne reste que l’armature en fer. Le passager, totalement impassible, parait ne se rendre compte de rien… peut-être a-t-il négocié un bon prix…
Dernier stop avant le bureau. Le policier rabroue un cycliste qui s’était un peu trop avancé, puis d’un geste magnanime, autorise les motards à démarrer dans un fracas Paris Dakaresque.
Puis on entre dans un ensemble de buildings flambant neufs. Arrêt devant le Barrista café. Un grand café noir “no sugar, no milk”.
Plus que l’ascenseur, et je rentre dans l’arêne..
Au boulot !!!!
PS : câble sous marin coupé, l’Inde du sud est sans internet, c’est un miracle si cette note est publiée (à partir de mon tel), mais c’est le pays des miracles non?