Aujourd’hui la présidente mondiale de l’agence Ogilvy arrive à Bangalore
Assez exceptionnelle pour être soulignée, cette visite illustre une fois de plus l’importance de la création de ce hub (plateforme) marketing à vocation mondiale.
Cela ne s’était jamais fait dans ce domaine, et quelque soit l’évolution que l’avenir nous réserve, il restera un coté pionnier à cette organisation à laquelle j’ai le privilège de participer.

Il existe un programme, au sein de l’agence en Inde, les “Young Tigers“. Les membres de ce groupe réfléchissent aux grands “projets / problèmes / opportunités”
Allez savoir pourquoi, j’ai été sélectionné avec quatre autres personnes du bureau et nous déjeunons aujourd’hui tous ensemble avec Shelly Lazarus, la CEO du groupe Ogilvy…
Reste à voir, au delà de cet intitulé flatteur et conquérant, quel sera le rôle de cette équipe.

Je vais affuter mes crocs et espérer ne pas suivre le même destin que mes copains du Bengale qui disparaissent.
Mais j’ai l’œil (et je vais me faire un p’tit footing tiens…).

Parmi quelques luttes et batailles quotidiennes pour arriver à ses fins (et je peux vous assurer que c’est un véritable parcours du combattant), il est une phrase qui, au bout de quelques mois, m’est devenu particulièrement insupportable.

Demandez à quelqu’un ici le délais de réalisation d’une demande que vous avez formulée. On vous répondra systématiquement “It will take some time“, ce qui grosso modo veut dire que ça sera prêt dans un peu de temps.
N’essayez pas de savoir si “some time” se réfère à cinq minutes ou cinq heures, on vous rétorquera sur un autre ton la même phrase.
Et quand un distributeur automatique de billets est en panne, sur l’écran vous lirez “please come back in some time“.

C’est, pour certaines personnes, tellement de l’ordre du réflexe que même en essayant de bannir depuis trois mois cette expression des gens de mon équipe, je n’y arrive pas, la réponse est quasi instantanée.
Je suppose que j’y parviendrai un jour, mais qu’it will take some time….

En France, j’ai toujours ressenti l’inflation (à part concernant l’essence), plus comme un argument de marketing politique qu’une réalité tangible.
Voila encore une belle différence avec l’Inde… Nous avons ici une inflation de plus de 7.4% et l’augmentation des prix est palpable quotidiennement.

roupantoin.png Pour ne citer que quelques exemples, le prix du café en bas de mon bureau a augmenté de 20% la semaine dernière et il y a quelques jours, j’ai commandé as usual, chez le restaurant chinois près de chez moi. La note a été plutôt salée, entre +50% et 120% sur le prix des plats, sans compter une diminution drastique du ratio poulet/sauce…

L’inflation est due à un déséquilibre de l’offre et de la demande

La croissance est ici de 9% et la demande de produits dépasse largement l’offre. L’Inde est aussi fortement consommatrice de riz, soja ou blé qui sont en constante augmentation de valeur au niveau mondial.
Cette question est au centre des batailles politiques en ce moment ici, et de nombreuses manifestations sont en cours pour dénoncer la hausse des prix (1).

Alors, bientôt les brouettes de roupies pour aller diner ?

Comme vous avez pu le lire tout au long de ce blog, les indiens sont un peuple fervent, quelle que soit la religion que leur famille a embrassée.
Les églises sont bondées le dimanche, les temples régulièrement visités et les appels du muezzine entendus avec passion par la communauté musulmane. Les différentes fêtes religieuses sont aussi le théâtre de liesse populaires particulièrement impressionnantes (voir la catégorie “religions” dans la barre latérale).
Mais qui dit ferveur religieuse, dit aussi forte présence de superstitions et conséquences parfois dramatiques.

Dans l’Etat d’Assam, au nord du Bhutan, la chasse aux sorcières est toujours d’actualité et hier, quatre membres d’une même famille, accusés de sorcellerie et d’avoir jeté un sort à un autre habitant du village, ont été lapidés puis brulés vifs dans la forêt voisine.
Selon le site de la BBC, quelques 500 personnes ont été assassinées pour des motifs similaires ces dernières années.
Toujours selon la même source, les orginies de ces actions punitives sont sociales et religieuses mais aussi économiques.
Les membres des tributs Santhal originaires du centre de l’Inde et emmenées dans ces régions par les anglais pour travailler dans les plantations de thé ont une peur ancestrale des sorcières en tout genre. L’extrême pauvreté ainsi que l’isolement dans lesquelles vivent ces groupes ethniques ne font que renforcer cette haine de l’étranger. Il faut ajouter que ces meurtres sont aussi l’illustration d’une lutte sans merci pour l’acquisition de terres cultivables.

J’ai souvenir que mon pater nous racontait, lors de son arrivée en Normandie, les superstitions fortement implantées dont certaines faisaient froid dans le dos. Et il y a quelques années, lorsque les dents de mes soeurettes poussaient, une voisine avait absolument insisté pour leur faire porter autour du cou un petit sac en cuir contenant… une dent de taupe, censée combattre la douleur….

Je n’irai pas jusqu’à dire que Normandie / Assam, même combat, mais cela me donne des idées quant à l’écriture d’un livre comparatif des superstitions en France et en Inde…

Et vous les expatriés en Inde, vous avez rencontré d’autres formes de superstions ?

Bon vendredi 13 à tous, et excellent weekend !

Ce matin en arrivant, je suis tombé sur une conversation de deux ogylviennes se plaignant de la violence verbales de certaines personnes du coté client quant à leur perception des créations que nous leur présentions hier.
Cela me donne l’occasion d’aborder un sujet qui me taraude depuis longtemps, à savoir la façon dont les gens se parlent au bureau.

Outre les mots que, comme Brassens disait, “rigoureusement ma mère, m’a défendu de nommer ici”, les managers font preuve d’une retenue que l’on qualifiera de toute relative à l’encontre de leurs subordonnés. Et lorsque quelque chose ne va pas, au lieu d’une remise à niveau en face à face, c’est au milieu de l’open space que les hurlements se font entendre.

Depuis neuf ou dix mois que je suis ici, j’ai été plus d’une fois dans une situation extrêmement inconfortable en entendant les vitupérations de certain(e)s.

Du coté client, les mails arrivent régulièrement sans “bonjour” ni “merci” et le style employé claque souvent plus comme un ordre que comme une demande. Et qui pourra s’étonner que les juniors dont c’est la première expérience envoient en retour des messages si ce n’est vulgaires, du moins dénués de la politesse élémentaire?

A certains d’entre vous, cela paraitra annexe comme question, mais je puis vous assurer que les relations de mon équipe sont au beau fixe avec nos contacts de chez Lenovo depuis que je force mes juniors à signer proprement leurs mails et à prendre des décisions polies et motivées. Mais il y a encore du travail…

Voila, chers lecteurs, je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Lors de mes quelques retours parisiens, une question revient immanquablement, c’est celle de la perception des castes ici en Inde.

Petit retour wikipédien pour commencer

L’origine du mot caste, est à mettre au crédit des portugais, qui, à Goa, désignaient, les indiens refusant de se mêler aux métis, et les nommaient les casta, ceux qui ont le sang pur.
Un des extraits du Rig Deva, texte sacré de l’hindouisme, assimile les castes aux parties du corps :
« Qu’est-il advenu de son visage (ou de bouche) (de l’esprit cosmique) ? Qu’est-il advenu de ses deux bras ? Qu’est-il advenu de ses deux cuisses ? De que (les produits) les deux pieds se sont-ils appelés ? De son visage (ou de la bouche) sont venus les brahmanas. De ses deux bras est venu le rajanya (les kshatriyas). De ses deux cuisses sont venus les vaishyas. De ses deux pieds sont venus les shudras. »

On a donc, dans la société indienne, quatre castes :

les brâhmanes (brāhmaṇa, ब्राह्मण, lié au sacré), prêtres, enseignants et professeurs ;
les kshatriyas (kṣatriya, क्षत्रिय, qui a le pouvoir temporel, aussi – râjanya), roi, princes, administrateurs et soldats ;
les vaisyas (vaiśya, वैश्य, lié au clan, aussi – ârya), artisans, commerçants, hommes d’affaires, agriculteurs et bergers ;
les sudras (śūdra, शूद्र, serviteur), serviteurs.
Viennent s’ajouter à cette classification les Dalits ou intouchables, qui effectuent les travaux les plus “dégradants” aux yeux des autres castes.Voila pour les infos made in Wikipédia

Pour être complet, il faut préciser que de nombreux groupes sont dit “hors castes”; les membres de religions autres que l’hindouisme, et les étrangers.
Les sikhs offrent une exception intéressante puisque dans leur religion, le système de caste est prohibé alors qu’ils sont considérés comme le cœur de la caste des soldats..

Depuis 1947 et la constitution de l’Inde indépendante, le système des castes est aboli et il est illégal par exemple de demander à quiconque son origine. Il est aussi prohibé de proposer un travail en fonction d’une position sociale….
Mais nous sommes en Inde, et le système des quotas est très présent. Prenez l’exemple du Tamil Nadu, qui réserve une part importante des emplois aux basses castes, voit une grande partie des membres de “hautes” castes émigrer vers Bangalore à la recherche d’un travail.

Et comment ressent-on cette organisation ici ?

Et bien dans la rue, et autour de chez moi, elle est très visible, et presque toujours liée à la couleur de peau, plus la caste est basse, plus la peau est foncée, et n’y voyez aucune connotation raciste, c’est comme ça, c’est tout.
Pour ce qui est du bureau, j’avoue commencer tout juste, après quelques 10 mois, à me rendre compte de ce qu’il se passe.
Je suis dans un environnement, s’il n’est pas international dans les gens qui y travaillent l’est fortement par le compte dont nous nous occupons.
Jusque là, je n’avais rien ressenti, et puis, à force d’observer, on se rend compte de déférences ou du contraire, de certaines personnes envers d’autres. Ce n’est jamais violent, ni visible, juste sous-jacent.
Dans mon équipe, jusqu’à hier, j’avais trois membres de la caste des Brâhmanes, un catholique, un protestant deux étrangers et deux autres dont je ne connais pas encore la “positon sociale”. Et bien on observe ça et là quelques remarques, attitudes qui dénote de la position supérieure ou inférieure par rapport à l’interlocuteur.

En définitive, dans le type de société dans laquelle je travaille, le système des castes à été supplanté par une organisation toute aussi rigide, stricte et pyramidale, celle des managers / employés. Pas de remise en cause possible d’une décision prise à un niveau supérieur, et la promotion est rare, voire exceptionnelle.
Une seule solution, le turn over, la démission.Au moins avec ce système, il existe une porte de sortie, aisément empruntable..

Et vous, dans les autres entreprise en Inde, ça se passe comment ?

Après onze mois ici, il était temps d’assister à ce qui est un des moments les plus traditionnels de la vie des indiens. Deux des membres de l’agence se mariaient samedi, à l’Arya Smaja Mandir, un des temples dédié à Shiva du sud de Bangalore et j’ai eu la chance d’y avoir été invité.

J’ai voulu en un premier temps en savoir un peu plus sur les rituels qui allaient avoir lieu mais impossible et pour cause, chaque “secte” ou courant de l’Hindouisme, comporte ses propres traditions. Il y a donc plus de deux mille façons de se marier ici.
C’est généralement la religion de la future épouse qui est choisi pour des cérémonies qui peuvent durer jusqu’à sept jours. Samedi, ce n’est cependant qu’à une heure de rituels touchants et plein de ferveur à laquelle nous eûmes le droit.
L’assistance n’est pas tenue de rester sagement assise comme en Europe; les gens téléphonent, discutent, sortent boire un verre et reviennent s’assoir avec tout le naturel que ce pays de libertés offre.
J’en ai profité pour me faire traduire presque in extenso ce que le prêtre disait sans avoir l’impression de gêner l’assistance.
Mis à part de nombreuses grappes de fleurs, le temple n’offre que peu d’ornementation. La grande pièce, illuminée par des néons, ressemble à une salle des fêtes des plus communes. Les mariés et leurs parents se placent sur une sorte de scène sous un dai de fleurs blanches et orange qui forme l’enceinte sacrée au sein de laquelle le mariage sera célébré.
Pendant une heure, les rituels de deux à trois minutes se succèdent. Purification de l’air, vœux des époux, marche en cercle autour du feu, bénédictions des parents, et les mariés partagent une pâte à base de ghee* et de miel censée apporter le bonheur au couple.
Le prêtre, tout au long de la cérémonie, rappelle à chacun ses devoirs et responsabilités, axés autour d’un respect mutuel, de la paix et de l’assistance mutuelle au sein du couple. Ces conseils de Vie avec un grand V sont entrecoupés de chants magnifiques que le maitre de cérémonie récite en sanskrit.
Enfin, les amis et la famille se rapprochent des mariés, et leur lancent des fleurs en reprenant en cœur la bénédiction nuptiale.

Pour ce qui est de l’après cérémonie, le reste de la journée s’est déroulée “à l’indienne” avec un déjeuner lors duquel les gens venaient et partaient, pas de discours, une après midi sans beaucoup d’activités, et une soirée sympathique avec une vingtaines de personnes tout au plus… mais la “vraie” soirée doit avoir lieu en Septembre prochain… Je vous raconterai!!

*Le ghee est une préparation à base de beurre. Celui-ci est cuit au bain marie jusqu’à complète évaporation de l’eau. C’est un met sacré utilisé dans beaucoup de plats.

Je voulais revenir aujourd’hui sur une scène qui m’avait marqué lors de mon voyage dans le nord de l’Inde.
Sur le bord des routes, de nombreux arbres étaient littéralement recouverts d’habits colorés que la pluie faisait ressembler aux montres de Dalì.
Je n’ai pas eu le temps de prendre une photo, et le guide qui nous accompagnait alors m’a donné comme explication que les hindous pendaient là des habits et ne les décrochaient qu’une fois les vœux faits exaucés par la puissance de l’arbre.

Outre la valeur symbolique du Banian qui occupe une place de choix dans la mythologie, puisqu’il est éternel grâce à ses branches qui se transforment en racines, j’ai voulu en savoir un peu plus sur le rôle de l’arbre dans la religion hindou.
Les merveilles d’Internet m’ont emporté dans un livre de Marcel Mauss de 1898 intitulé Religions populaires et floklore de l’Inde Septentrionale, puis sur le site de forces sectes indiennes, sur celui d’Aujourd’hui l’Inde, avec toujours plus d’histoires incroyables sur la symbolique de l’arbre.

L’arbre de la connaissance catholique a son pendant dans la Gita, le livre sacré hindou.
Le Kalpataru porte douze fruits, des pommes, et symbolise le Centre Spirituel. Il satisfait les plaisirs autant que prodigue ce que l’on pourrait appeler l’envers de la médaille de ces dons.
Une des histoires du livre raconte des enfants demandant à l’arbre des jouets. Ils obtiennent ce qu’ils veulent, mais en contre partie ils reçoivent l’ennui.
Devenus adultes, ils demandent richesse et pouvoir, l’obtiennent mais en contre partie connaissent l’angoisse.
A bout de force, ils demandent la mort. Mais ils renaissent aussitôt sous le même arbre.
Seul un enfant n’agit pas comme tel, et oubliant de désirer, coupe les racines de l’arbre avec l’épée du non-attachement.Il demeure lui seul libéré.

Et les habits me direz-vous ? Et bien je n’ai rien trouvé. On peut imaginer que laissant une part de leur richesse à l’arbre, le pelerin renonce au materiel ?
Si vous avez une réponse, je suis preneur !

S’il y a bien une chose que les indiens dévorent avec bonheur et accommodent à toute les sauces, poudres, épices et autres piments, ce sont les noix de cajou.
L’Inde est le premier producteur au monde de l’amande de l’anacardier, découvert par les portugais au Brésil et apporté par ces derniers dans leur colonie du sud de l’Inde qui devint par la suite l’État du Kerala.
250 000 tonnes sont produites chaque année ici.

Alors cher lecteurs, savez-vous comment on obtient une noix de cajou ?

Peut-être n’est ce pas une information qui bouleversera votre journée, mais lors des diners mondains, cela ajoutera, j’en suis sur, à votre superbe (la question de la pousse de l’ananas en est un autre exemple. Selon mon expérience, 90% des gens interrogés vous répondront que l’ananas pousse dans un arbre. Comment, vous auriez répondu ça aussi ?).

Revenons à nos noix de cajou

Elle est placée dans une coque à l’extrémité d’un fruit, la pomme de cajou, comme vous pouvez le voir sur cette peinture. Une fois mure, la pomme tombe sur le sol et la coque est prête à être récoltée. Elle est ensuite grillée et une fois l’intégralité de la résine qui l’entoure consumée, la noix apparait au centre.
Bien entendu, toutes les composantes ont trouvé une utilité, de la coque qui sert de matériaux de chauffage, la résine sert à l’alimentation du bétail, et la noix en elle même se décline en huile ayurvédique, en encre, vernis etc.

A deux jours de la quille annuelle, je me suis rendu compte que j’avais oublié de vous parler de l’éclipse solaire qui a eu lieu la semaine dernière ici.

Au delà des sempiternelles photographies d’observateurs chaussés de lunettes tout droit sorties de Disneyland, je suis tombé sur un article passionnant du très sérieux Time Of India (TOI pour les intimes) intitulé Don’t fear the solar eclipse et qui résume les croyances indiennes relatives à ce phénomène.
– Certains se calfeutrent chez eux pour se protéger des rayons néfastes du Soleil.
– Une autre croyance veut qu’une femme enceinte ne puisse coudre ni couper quoi que ce soit lors d’une éclipse (ça me rappelle quelque chose dans les superstitions en Europe, mais je n’ai rien trouvé; avis aux lecteurs charitables…).
– L’éclipse multiplierait les germes dans la nourriture, rien ne doit dont être cuisiné ni consommé pendant cette période…

Ceci étant dit, et au cas où ne j’aurais pas été clair, (et répétitif, je sais), c’est la mousson ici.. donc point d’éclipse visible.

Et vous, expatriés dans d’autres contrées, vous connaissez d’autres croyances relatives aux éclipses ?

Plan du site