Il y a quelques jours, vous vous en souvenez peut-être, j’ai eu une conversation passionnante avec deux conducteurs de rickshaw sur l’économie nationale, et plus particulièrement sur le groupe Tata, qui vient de sortir la Nano. (rafraichissement de mémoire ici ). Mon petit article se terminait par la phrase d’un des deux indiens, “Tata is a very good company, very generous“. Nous étions arrivés et je n’ai pu investiguer plus sur la signification de cette phrase, pourtant prononcée par ceux dont l’activité est à terme menacée par le dit Tata. Et bien ce matin, le journal Le Monde répond à toutes ces questions dans un article riche et complet de Julien Bouissou, intitulé “Tata, un siècle d’intuitions“. On nous raconte comment la famille Tata a fondé et géré jusqu’à maintenant un empire basé sur une triple avance technologique, sociale et économique doublée d’une conscience politique acérée. Avant 1947, le groupe Tata crée la première aciérie d’Inde, impose les congés maternités, l’intéressement aux résultats, la journée de huit heures (en 1912 !!) et agit financièrement pour soutenir les projets d’indépendance du pays. Depuis, Tata a acheté Tetley, le géant du thé anglais, prend le contrôle de la sidérurgie anglaise et est en passe d’acquérir Jaguar et Rover… joli symbole de la revanche indienne et une des explications de la fierté des indiens lorsqu’ils parlent de cette grande entreprise. L’article se termine par la dernière mutation de Tata, dont le caractère familial tend à s’estomper. Et de terminer par : “Le groupe ne rêve plus d’indépendance. Il veut conquérir le monde.” Nous voila prévenus.